Mon travail… Un ami de 30 ans

C’est le 26 décembre 1989, que mon aventure professionnelle a commencé. Oui un lendemain de Noël, comme un beau cadeau qui me tombe dans les bras.


Alors que j’ai 19 ans et que je suis en stage, on me propose de remplacer mon maître de stage appelé à d’autres fonctions dans le groupe. Alors que je tentais d’accrocher un diplôme à mon palmarès scolaire pas particulièrement dense, cette opportunité, met un coup de frein à ma scolarité, car je décide immédiatement de me lancer en m’engageant à passer mon diplôme.

C’est le début d’une aventure professionnelle qui me nourrit depuis 30 ans aujourd’hui, et qui me rappelle chaque jour que la vie est faite de rencontres, d’opportunités que l’on saisit ou pas et qui au final creusent nos sillons personnels et professionnels.

Du haut de mes 19 ans, j’ai tout à apprendre de la « vraie vie » professionnelle : le respect des engagements, les exigences et les attentes des clients, les bons moments avec les collègues, la pression du chiffre, etc. C’est le début de rencontres professionnelles qui marqueront mon parcours et que je retrouverai plus tard au fil des ans avec par exemple Isabelle Cottrel (aujourd’hui Responsable formation de MV Group) et Nathalie Lucas-Huriau, (devenue Directrice Innovation MV Group).

Je dois redoubler d’efforts dans le travail, d’abord par mon jeune âge qui peut m’exposer à une certaine défiance par certains clients ou collègues et puis par le cumul de différents challenges :

  • Réussir dans mon premier poste
  • Assurer toujours mon job étudiant
  • Passer mon bac en candidat libre.

Les semaines sont denses, des journées bien remplies tôt le matin et tard le soir pour le travailler, les « after-work » sont des cours avec le DRH de l’époque, Pierre-Yves Lenotre, et le tout complété par mon job étudiant le samedi matin aux Marché des Lices de Rennes.

Août 1990, s’adapter dans un contexte difficile

Alors que je mets tout en œuvre pour réussir ces 3 étapes, j’obtiens mon bac en candidat libre, je prends mes marques professionnelles, quand un élément extérieur marque le premier grand changement professionnel : la guerre du Golfe en août 1990.

La rentrée de septembre ne sera plus comme avant, le business devient plus difficile, les clients n’appellent plus, il faut aller vers eux. Fraîchement sorti de l’école, je m’y adapte, ce n’est pas le cas de bons nombres de collègues, qui tombent comme des mouches. Les années passent (les soirées du jeudi aussi), on bosse, mais on s’amuse bien aussi en assurant le boulot.Deux collaboratrices MV Group souriant l'une face à l'autre

Je change de chef à plusieurs reprises, on passe du tutoiement au vouvoiement et à nouveau au tutoiement, et j’observe les postures qui fonctionnent et celles qui gâchent le talent des équipes. Je découvre parfois un niveau d’exigence incroyable, que peu de personnes accepteraient aujourd’hui. Mais ça sera aussi l’occasion pour moi de vivre mes 2 meilleurs RDV commerciaux en binôme avec un de mes chefs. Quels bons moments et quel apprentissage incroyable qui me marqueront à jamais.

Et puis, cette réunion où « j’ose dire les choses », certes peut-être pas de façon très adroite, fait basculer ma vie. Je suis muté quelques jours à Quimper. Dans un cadre normal, on appelle ça un nouveau challenge, une évolution, dans mon cadre, c’est plutôt une « punition »

Février 1993, Quimper

Une nouvelle vie. Pour la première fois je quitte Rennes, pour relever un nouveau défi, lancer un portefeuille clients à Quimper où Ouest-France est challenger. Fini la situation de monopole, bienvenue dans la vraie vie de la concurrence, de l’amélioration du service client.

Je retrouve comme chef un ancien collègue, et découvre la vraie difficulté de la concurrence. Trois semaines sans signer le moindre bon de commande (ce qui est long dans notre job) mais j’ai besoin d’y voir clair, de construire les choses de façon solide, de m’adapter aux noms « bretons ». Mon chef nous accorde une confiance totale, donne des idées et nous stimule pour les mettre en œuvre. Finalement, ces 3 années auront été de belles années du succès commercial : transformer le travail en jeu, travailler avec des potes, bosser dur mais s’amuser beaucoup aussi (les jeudis soirs lancent le week-end) et me permettront de rencontrer la femme de ma vie.

C’est aussi lors de ce passage, que je découvre l’informatique et le premier Pack Office. Apprendre Word, Excel, tout seul sur le seul ordinateur de l’agence (et oui on est dans un autre temps).

Et puis ce changement de chef, avec l’arrivée d’une cheffe (encore une ancienne collègue), mais la relation est particulière. Elle loupe totalement son arrivée en voulant démontrer son pouvoir, et nous ne lui facilitons pas la vie. Cette étape m’aura profondément marquée, car elle m’a permis de découvrir comment une équipe bien orientée peut se retourner pour le pire au niveau du boulot mais surtout dans l’isolement du manager. Ces moments ont été terribles, mais au final m’ont apporté un nombre de clés incroyables dans les années de manager. Au fil des mois, la situation se « normalise » on apprend à « s’apprivoiser » à force d’échanges et de dialogue et d’ajustement. Et finalement c’est grâce à elle, Fabienne (aujourd’hui décédée) que je dois le fait de devenir chef d’agence à 25 ans. Elle aura apporté beaucoup, surtout au niveau du professionnalisme et de la rigueur.

Collaboratrice MV Group de profil, en gros plan

Octobre 1996 , Saint-Nazaire

Nommé rapidement et au terme de seulement une journée de formation consacrée au management, on me propose de reprendre l’agence de Saint-Nazaire, la seule agence Precom qui ne fonctionne pas à l’époque. Je suis remonté à fond pour relever ce nouveau challenge, que j’attendais depuis si longtemps.

J’essaie de tout faire, d’être partout, d’être le « super man », je ne m’amuse pas, voire pire. Tous les soirs je dis à ma femme, «c’est pas le métier que je veux faire, avant je n’avais que les ennuis, maintenant j’ai les emmerdes de tout le monde ». Il m’aura fallu 1 an pour véritablement devenir manager et commencer à prendre du plaisir et tirer les enseignements de mes erreurs de débutants.

C’est au cours de cette période que j’ai recruté Michel Brebion en commercial et avec qui je suis aujourd’hui associé dans Winbound, l’agence d’Inbound Marketing. Et aussi Lina Poizeau qui passe par l’agence en intégration pour devenir commerciale et qui est aujourd’hui Directrice du capital Humain MV Group.

Vitrophanie Winbound

Au fil des ans, le plaisir est là, la performance commerciale aussi, nous en faisons un véritable petit « laboratoire « de méthode de travail. Ces années m’auront finalement donné les bases et les clés du management, en m’offrant parallèlement nos deux enfants. C’est au cours de ces années que Fabienne (mon ancienne cheffe) m’aura offert involontairement un beau cadeau, celui de la confiance en soi et de s’enlever nos propres limites.

Alors que je lui expliquais, que pour moi, j’étais au sommet de ma carrière, par rapport à mon niveau d’études, je ne pourrai pas prendre une agence plus grande, elle m’explique que c’est une connerie. C’est la capacité d’apprentissage qui compte et la volonté de progresser qui repousse ses propres limites.

Elle me dit « tu ne te rends pas compte du potentiel que tu as en continuant comme ça ».

De cette discussion, un de mes verrous a sauté tout seul : ne pas se limiter soi-même mais faire les choses au mieux, et les opportunités se présentent toutes seules.

Janvier 2001, Vannes

La 1ère d’entre elle a été la proposition de reprendre l’agence de Vannes. L’un des fleurons du groupe où la meilleure attention a toujours été portée. Quel honneur, remplacer mon ancien chef de Quimper. Je découvre l’effet des mutations internes, quand notre réputation nous précède et que l’esprit s’emballe tout seul sans rien faire.

Je reste renfermé 2 jours d’affilé dans mon bureau, « un vrai sauvage », mais le seul but était de remettre en place mon organisation précédente pour rapidement avoir mes marques et être au top en termes d’organisation.

Je découvre l’équipe en place en particulier Annie (qui est aujourd’hui Responsable administrative à MV Group). Je retrouve Fabienne, ma cheffe à la Direction Commerciale, avec qui nous avons beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Cette complicité prendra une tournure émotionnelle très forte, car elle est confrontée à la maladie à deux reprises, et c’est le cancer qui finira par l’emporter. Nous aurons vécu des moments incroyablement intenses dans nos échanges jusqu’au dernier moment.

En arrivant, 4 mois pour bâtir un plan d’actions complet, qui change toute l’agence, pour poser des fondamentaux qui nous porteront pendant 4 ans. J’apprends à travailler avec des personnes différentes, des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes, je découvre la richesse de la diversité d’une équipe, d’apprécier le moment présent, de chercher chez l’autre ce qui est bien, même si comme on me disait « pour certain, il faut gratter plus que d’autres ». C’est à Vannes que je recrute Lina Poizeau en 2003, et Myriam Feniou, qui est aujourd’hui Directrice de l’agence Mediaveille de Nantes.

3 collaborateurs devant leur écran

Ces années m’ont appris beaucoup sur moi-même et m’ont montré que nous pouvions avoir des performances et prendre du plaisir avec son équipe. C’est aussi à Vannes que j’ai découvert que la « routine » n’était pas bonne pour moi, qu’elle me générait du stress et m’éteignait progressivement.

Et puis l’envie d’entreprendre a pointé son nez. Amoureux de cette belle ville du Morbihan, je ne me voyais pas la quitter et puis… Un entretien annuel où j’explique que je n’attends rien, qu’il faut m’oublier. Mais l’on m’explique que je groupe projette de créer une filiale, la régie publicitaire des sites Internet du groupe…

Une minute, le cœur bat la chamade, les yeux brillent et c’est parti pour revenir à Rennes, dans ma terre natale.

Precom Multimedia, 13 Mai 2005

Rencontre avec les 4 collaborateurs déjà en place, c’est là que je fait la connaissance de Yohann Delahaye, aujourd’hui Directeur Général de Mediaveille.

Une ambition forte pour ce nouveau challenge où dans 5 ans je prévois 10 millions d’euros. Nous recrutons 16 personnes, dont Marc Levin comme Webdesigner, aujourd’hui Directeur des Expertises MV Group.

Cette aventure a été magique, une véritable start-up dans un grand groupe. Une énergie incroyable m’envahit, tout le monde s’éclate, nous sommes partis à la conquête de l’Ouest sur Internet. De nouveaux recrutements avec Gildas, Sébastien, Yann, Mickael, Stéphanie, tous aujourd’hui salariés Mediaveille, de nouvelles retrouvailles, Lina, Myriam, Nathalie.

10 nouveaux recrutements par an, autant d’occasions de faire de nouvelles rencontres. Un plaisir incroyable à travailler tous ensemble, tous orientés vers le même objectif. Tous non, toute mon équipe oui, mais pas certaines personnes. C’est ici que je découvre les guerres internes, les bâtons dans les roues, la politique où certaines personnes sont plus attachées à leur carrière qu’au projet de l’entreprise. 37 réunions par semaine, 15h de boulot par jour, pour au final, ne plus prendre de plaisir, perdre du sens, ne plus savoir pourquoi on bosse, pourquoi on se lève le matin.

Collaborateur MV Group derrière une vitre

2008, la crise financière, le groupe y est confronté, comme tous les groupes de presse. Le PSE du groupe me montre un autre visage que celui que j’imaginais, un autre aspect du groupe qui m’a fait grandir.

Et puis ces rencontres que j’entretiens avec David Leray, qui me fait prendre confiance et conscience que je peux entreprendre. Février 2009, des vacances à Center Parcs sont l’un des éléments déclencheurs, alors que je suis en famille avec ma femme et mes enfants, je pleure, le moral n’y est plus.

La coupe est pleine, je dois prendre mon destin en main. Pas facile quand on a eu une histoire aussi profonde avec son entreprise. Il m’aura fallu 5 mois pour faire mon cheminement et identifier que mon avenir est ailleurs.

Je veux entreprendre, j’aspire à être libre.

20 ans de carrière, qui m’ont offert de telles connaissances, de telles rencontres, une expérience exceptionnelle, qui m’ont nourries au quotidien, et qui m’ont tant fait grandir et appris à mettre un peu d’eau dans mon vin, qui m’ont aidé à devenir qui je suis.

Fin 2009, le rachat de Mediaveille

C’est aussi, lors d’un échange en discothèque que l’idée de racheter Mediaveille m’est donnée par Yohann. Nous faisons la fête le vendredi soir, et le lundi, je rappelle Christophe Potron.


À lire aussi : [Retrouvailles] Christophe Potron et Olivier Méril, une rencontre autour de Mediaveille


6 semaines après, la nouvelle aventure commence. Mediaveille est une agence Webmarketing de 10 personnes et de 1M€ de CA.

Collaboratrice Mediaveille travaillant dans une salle de réunion

Des débuts difficiles, de mauvaises pensées. On se retrousse les manches, on sillonne la France, on apprend tous les jours les finesses du métier. Les choses s’enclenchent progressivement, les belles années s’enchaînent, les recrutements aussi, autant d’occasions de retrouvailles avec d’anciens collègues qui rejoignent l’aventure.

Les ouvertures d’agence, les créations de filiales, les projets de croissance externes, chaque jour nous repoussons individuellement nos propres limites. Aujourd’hui, chacun travaille à un poste qui n’était pas le sien au départ, voire pas son métier du tout.

Nous avons appris beaucoup et continuons à le faire tous les jours, nous avons fait des erreurs, mais pas sur les gros sujets. Nous avons toujours voulu nous dire les choses, car nous nous faisons tous confiance.

30 ans de vie professionnelle

Aujourd’hui, on voit, on lit souvent qu’arriver à la cinquantaine, on est « foutu ». Que l’on ne pourra plus travailler, que la fin de carrière va être compliquée.

Moi personnellement, je me sens en forme physique, avec encore beaucoup d’énergie (certains ne me contrediront pas ????). Et riche de ces 30 ans d’expérience que l’on ne peut acquérir qu’au fil des ans, des rencontres, des situations et qu’aucune école ne pourra diffuser, même aux meilleurs élèves.

30 ans de vie professionnelle, c’est une richesse incroyable. Jamais sans ces années d’expérience, nous n’aurions vécu la même histoire chez MV Group. Nous aurions fait de grosses erreurs, pour nos clients, pour nos équipes et n’aurions pas connu le même développement.

Il est temps que le regard de notre société évolue sur la valeur ajoutée que chacun peut apporter à une organisation et d’autant plus quand il est riche d’autant d’années d’expérience et d’une certaine sagesse.

Pour autant, c’est vrai aussi que les années d’expérience, ne sont pas toujours une garantie de succès, c’est un peu comme le bon vin, il est souvent meilleur en vieillissant, mais pas toujours…

C’est la richesse de l’humain, il n’y a pas de règle absolue ni sur les jeunes, ni sur les moins jeunes.

Mais ne nous mettons pas une barrière au démarrage, laissons-nous découvrir la personne quel que soit son âge, les belles rencontres sont les plus improbables ✨

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Article écrit par

Olivier Méril

La stratégie digitale est un univers passionnant à explorer et encore plus à partager. Avec mes collaborateurs, nous avons à coeur de vous communiquer notre expérience et notre savoir-faire.

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