L’incroyable déficit de confiance en soi
Au fil des années, je suis interpelé par un phénomène qui me surprend de plus en plus, le manque de confiance en soi. Je ne sais pas si c’est un mal plus français, mais une étude universitaire internationale chiffrait à 80% la population mondiale qui manquait de confiance en elle.
C’est un sujet dont on entend peu parler au quotidien, mais qui à mon sens, a une importance forte dans le bien-être d’une société que ce soit dans le monde professionnel ou à titre personnel.
Ces personnes passent à côté de beaucoup d’opportunités, de satisfactions personnelles, vectrices de sens, de plaisir ou d’opportunités.
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Bloqué par la peur
Le manque de confiance en soi, contribue à développer la peur. Il peut y avoir la peur qui motive à se surpasser, mais cette peur bloque l’action.
- Peur du jugement
- Peur du regard des autres
- Peur de se tromper
Au mieux, on se torture avant le passage à l’action, avec la boule au ventre, mais au pire, on ne passe pas à l’action. C’est en partie, à mon sens, la raison pour laquelle les choses sont si difficiles à faire changer et que les gens sont si réfractaires aux changements. Leurs repères vont devoir changer, il va falloir bouger un peu les lignes et du coup sortir de ses habitudes, de sa zone de confort.
On trouve souvent une bonne excuse pour ne pas le faire ou procrastiner. On repousse jusqu’au dernier moment, en espérant que l’on va oublier, que les choses vont se faire toutes seules, voire qu’elles ne seront plus utiles. Mais entre temps, on est torturé, car on sait très bien que ce n’est pas ça qu’il fallait faire, mais le mur est devant nous. Pour autant, la confiance se capitalise, plus on en gagne, moins on a peur, plus on a de plaisir, plus on a envie de faire des choses, plus on remet de la confiance dans le réservoir.
Passer à côté de son potentiel
Ce manque de confiance, c’est le meilleur moyen de passer à côté de ses potentiels. On aimerait faire ça, ou être comme ci, mais on n’ose pas. Par conséquent, on laisse la place à d’autres et on se contente de ce que nous avons. Certains l’assument bien, mais pour d’autres, c’est le début des frustrations.
En tant que chef d’entreprise, je suis surpris de ce phénomène, y compris de jeunes profils qui ont eux de beaux parcours scolaires mais qui pour autant, sont rapidement envahis par cette peur intérieure.
Pendant longtemps, je ne comprenais pas pourquoi les choses n’avaient pas été entreprises. Maintenant que j’ai pris conscience, je cherche souvent la solution sous cet angle « Qu’est-ce qui lui fait peur ? ».
On ne peut pas le savoir à la place de notre interlocuteur, on ne connait pas toujours son histoire, son éducation ni son parcours. Il faut l’aider à s’exprimer pour pouvoir lui apporter la réponse adaptée ou lui enlever cette crainte pour le rassurer.
Il y a 5-6 ans, on m’a expliqué que c’était encore plus accentué chez les femmes par rapport aux hommes. Je n’ai pas de chiffres, mais depuis que j’y fais plus attention, c’est assez marquant.
Vous prenez un homme et une femme à compétences égales, vous faites la même proposition aux 2, l’homme vous dira « Pas de problème, ça va rouler », la femme vous dira « Tu penses que je suis capable ? ». C’est peut-être aussi pour ça que les femmes réussissent souvent mieux dans leurs missions, car du coup, elles exploitent leurs craintes pour se mettre la pression afin d’y arriver.
L’un des plus beaux exemples que j’ai eus dans ma carrière est la création du poste de Directrice du Capital Humain que nous avons créé à MVGroup il y a 5 ans. Je voulais créer ce poste différent de la fonction de DRH et j’ai décidé de le proposer à Lina Poizeau qui était à l’époque la Directrice commerciale de Yumens. En lui proposant le poste sa 1ère réaction a été : » Mais je n’y connais rien, comment pourrai-je faire ce job ? « .
Ma réponse fut simple : “En étant toi-même, je te connais depuis longtemps, je connais tes qualités humaines, tu connais parfaitement l’entreprise et les équipes et tu me connais par cœur. Regarde ton parcours, à chaque fois, tu as réussi à t’adapter à tes nouvelles missions, fais-toi confiance. » 5 ans après, comme me dit Lina, pour rien au monde, elle ne changerait de job.
Personnellement, je trouve cela sain de se poser des questions avant de se lancer. C’est une manière de se nourrir pour y arriver, mais il ne faut pas que ça nous bloque dans les actions.
À l’inverse, le côté trop sûr de soi est juste insupportable. Surtout quand les gens ne sont pas à la hauteur. C’est comme la vie, c’est une question de dosage, d’équilibre à trouver.
Comment nous en sommes arrivés là ?
La France est un pays où l’on analyse tout et où l’on investit des sommes importantes dans l’éducation.
La génération de nos parents a connu une éducation très stricte, voire parfois humiliante. Par exemple, la place des femmes n’était pas la même qu’aujourd’hui. Dorénavant, nous donnons aux enfants une éducation où ils sont souvent bichonnés, mais pour autant la situation ne change pas.
On peut se dire qu’à force d’étouffer nos enfants pour trop les protéger, ils ne peuvent pas se faire leur propre expérience. Beaucoup de parents extériorisent leurs propres peurs sur leurs enfants, leur offrant ce fardeau qu’ils devront porter pendant des années.
Aujourd’hui, on souhaite que tout soit nickel dès le 1er coup, ne plus se tromper, ne plus échouer. Pourtant, chacun d’entre nous à chuter près de 2000 fois pour réussir à marcher et c’est souvent à ce seul moment que l’on a été encouragé pour recommencer avant d’y arriver.
Jamais la population n’a été autant éduquée, mais pour autant, nous souffrons toujours du même symptôme de manque de confiance en soi. On pourrait penser que lorsque nous sommes bons élèves les choses sont mieux, mais finalement ce n’est pas le cas et on en ressort souvent formatés d’une certaine façon de penser unique.
Et lorsque l’on a été un mauvais élève (comme moi), on apprend à avoir la peau dure, car on entend en permanence « Tu es nul, tu ne feras jamais rien, je plains tes parents… » autant de belles paroles qui, malgré les années, perdurent dès qu’un élève est différent ou mal à l’aise dans le système scolaire.
L’école passe son temps à transmettre des connaissances, le maximum que l’on puisse transmettre, mais rien sur le savoir être, sur ce que l’on appelle aujourd’hui les « Soft Kills » :
- Apprendre à mieux se connaitre
- Apprécier les différences
- Travailler sa créativité
- Assumer sa personnalité
- Exploiter ses points forts pour en faire des atouts uniques
C’est ce que nous avons immédiatement intégré dans notre école 301, l’école Digitale. Transmettre les meilleurs niveaux d’expertise des métiers du digital, mais en parallèle accompagner les élèves dans une meilleure connaissance d’eux-mêmes, leur faire prendre conscience de leurs atouts, de ce qu’ils aiment, les inciter à travailler avec les autres, à bien communiquer, pour réussir plus facilement et emmagasiner de la confiance en eux par kilo.
Dans nos entreprises, nous devons faire avec ce phénomène, mais nous devons nous y adapter, pour le bien-être de nos équipes et la performance de nos organisations. Nous devons identifier ces personnes en déficit de confiance, les rassurer, expliquer que le droit à l’erreur est autorisé et qu’il est préférable de prendre des initiatives, quitte à se tromper, plutôt que de ne rien faire.
Chaque collaborateur avec plus de confiance en lui, c’est un nouveau potentiel qui s’offre à l’entreprise, aux équipes et au final à nos clients.
Une société plus en confiance, ce sont des personnes plus épanouies, mieux dans leur peau, qui échangent plus facilement avec les autres et qui s’assument tels qu’ils sont avec leurs forces et leurs faiblesses.