Les 7 commandements de Didier Deschamps !
En juillet dernier, notre équipe de France de Football a offert à tout le pays, un moment de bonheur national, un moment unique où tout le pays était en fusion. Pour les quadras, dont je fais partie, c’était la 2e victoire que nous connaissions.
Celle-ci était différente pour moi. Avec 20 ans de plus, nous sommes un peu plus sages et faisons moins d’abus pour célébrer ce type d’événement. Mais cette victoire avait aussi un autre goût fort agréable : le plaisir de la partager avec nos enfants. Depuis 20 ans, ils entendaient parler de la victoire de 1998, sans véritablement réaliser ce que cela a représenté pour nous. Aujourd’hui, ils l’ont vécue et rien que pour ça, ce moment m’a fait super plaisir.
Du point de vue professionnel, cette victoire était aussi très intéressante à regarder. On y a vu de beaux exemples de management, riches d’enseignements avec plusieurs grands principes inspirants pour les dirigeants.
Qu’on aime ou pas Didier Deschamps, ce n’est pas le sujet. On ne peut pas lui enlever que partout où il est passé, il a eu des résultats en tant que joueurs, entraîneur ou sélectionneur. Il n’a pas connu que des victoires ! Mais comme il l’explique : c’est dans la victoire que l’on fait les plus grandes bêtises et que la défaite est plus formatrice.
De son fonctionnement, j’ai essayé d’identifier les grands axes les plus inspirants pour moi.
1. Construire un collectif
Depuis le départ, il a expliqué vouloir bâtir une équipe et « pas forcément avec les meilleurs joueurs ». Combien de personnes lui ont reproché par exemple de ne pas sélectionner Benzema ? Beaucoup. Mais Didier Deschamps veut une équipe, pas un regroupement de personnalités.
Bâtir une équipe, c’est associer des personnalités, gérer les ego et s’assurer que tous vont bien fonctionner ensemble. Les valeurs doivent être partagées, ce qui permettra une meilleure adhésion au discours, une confiance, une meilleure application des consignes et fera avancer tous les membres dans la même direction. Le cas Benzema est un cas que je donne en exemple dans le parcours d’intégration de Mediaveille. Sans remettre en cause ses compétences personnelles, ce type de profil n’a pas de place chez nous. Nous privilégions avant tout le savoir-être et les valeurs, ce qui nous permettra de progresser beaucoup plus dans le futur.
En football comme en entreprise, on joue collectif. Les joueurs doivent se passer la balle, les salariés doivent échanger pour développer l’intelligence collective.
Didier Deschamps a su bâtir un esprit d’équipe et lui donner une âme en vivant avec ses joueurs au quotidien mais aussi en leur laissant vivre des moments forts entre eux, en se retirant et en laissant s’exprimer les tempéraments de l’équipe. Les interventions de Paul Pogba dans le vestiaire ont été des discours super mobilisateurs pour les joueurs.
2. Fixer et garder le cap
« Voir le possible là où les autres voient l’impossible, telle est la clé du succès » – Charles-Albert Poissant
Toute personne a besoin d’un cap et c’est encore plus vrai pour une équipe. C’est ce qui permet de mobiliser l’ensemble des énergies vers cet horizon.
Publiquement, Didier Deschamps avait annoncé vouloir atteindre au moins les demi-finales. Difficile d’annoncer plus, car tout le monde l’aurait pris pour un fou ; et je ne suis pas sûr que lui-même pouvait imaginer au départ aller plus haut.
Pour lui comme pour nous, les objectifs doivent être ambitieux mais atteignables sinon, ils deviennent démobilisateurs. J’admire en tout cas sa persévérance, car dans un pays où il y a 60 millions de sélectionneurs, il avait sa vision et a su garder le cap quelles que soient les critiques et en restant inflexible sur ses valeurs.
C’est ce point-là qui me semble le plus admirable. Car des critiques, il en a eu et elles l’ont touché au plus profond de sa sensibilité. En l’espace de 6 mois, on l’a accusé de racisme pour ne pas avoir sélectionné Benzema et au final, certains lui ont reproché d’avoir gagné avec une « équipe africaine ». Mais Didier Deschamps est resté droit dans ses bottes. Ses actes ont tranquillement fait la démonstration de ses valeurs.
Il a de l’ambition et malgré son palmarès impressionnant, il a une soif d’aller chercher toujours plus haut. Mais comme tout manager, il doit nourrir cette soif par le plaisir d’emmener son équipe là où il ne serait jamais allé.
3. Avoir des capacités d’analyses
Si la qualité du jeu a parfois été critiquée, tout le monde lui reconnaît sa formidable capacité d’analyses. Didier Deschamps a connu beaucoup de victoires, mais a appris beaucoup plus de ses défaites.
Après la coupe du monde 2014 ou l’Euro 2016, il a su surmonter les échecs. Il a gardé une ossature mais a réalisé des ajustements sans tout remettre en cause.
Il lui est reconnu d’analyser parfaitement les concurrents , il prépare « son combat ». Plutôt que de mettre en place une tactique sans se préoccuper de l’environnement concurrentiel, lui se concentre pour bâtir une stratégie exclusivement adaptée face à l’adversaire. Le but n’est pas de faire le plus beau match, mais de gagner le match.
4. Avoir des qualités managériales
Par la victoire, il vient de faire la démonstration de ses qualités managériales.
D’abord, il a constitué sa propre équipe, ce qui est plus simple que de reprendre une équipe existante (ce que nous pouvons vivre dans le monde des entreprises). Mais il a su donner une âme à son équipe en s’appuyant sur sa diversité. Il y avait beaucoup de jeunes, certes, mais encadrés par des plus expérimentés.
Il a passé beaucoup de temps à dialoguer avec chacun, les comprendre, leur faire passer les messages sur le rôle qu’il attendait d’eux dans le collectif. Il a fait preuve de beaucoup de psychologie pour embarquer dans son projet la génération « Millenials ».
Au quotidien, il développe une approche très paternaliste avec son équipe, mais il a su jongler entre autorité, recadrage et convivialité.
Sur ce dernier point, dans les différents reportages, nous avons pu constater que le travail et la convivialité n’étaient pas en opposition. Au contraire, la nouvelle génération (mais toutes les autres aussi d’ailleurs) a besoin de prendre du plaisir et de s’amuser en travaillant dur.
S’amuser, c’est aussi savoir fêter la victoire, ce que l’équipe a su faire, mais en se remobilisant dès le lendemain pour partir à la conquête de la nouvelle étape.
5. Faire confiance
Il n’y a pas d’adhésion au management, s’il n’y a pas de confiance. Didier Deschamps a eu le courage de faire confiance aux jeunes bien que lui soit reproché leur manque d’expérience. En s’appuyant sur une ossature de cadres, parfois même sur le banc de touche, il a parfaitement exploité le potentiel de chacun.
Il a su allier le dynamisme, la créativité, les étoiles dans les yeux des plus jeunes, et la sagesse, l’expérience et l’analyse des plus anciens. Il a aussi poussé chacun à se surpasser, à se lâcher, à oser. C’est exactement ce qui s’est passé avec le but exceptionnel de Benjamin Pavard. Il a écouté les consignes de la mi-temps et savait que son manager ne lui reprocherait pas sa tentative. Il a donc osé, et ça a été le point de bascule de toute l’équipe pour partir à la conquête du titre.
Mais avoir la confiance de son équipe, c’est aussi savoir prendre des décisions pas toujours faciles, faire une sélection. C’est trancher, c’est choisir de mettre un joueur sur le banc. Mais la confiance entre les personnes, le dialogue, la sincérité et l’objectif collectif, permet à chacun d’accepter la décision qui semble le plus juste.
C’est souvent ce qui manque dans bien des organisations et qui se termine par des non-décisions et crée un sentiment d’injustice et d’incompréhension.
6. Du travail, du travail et encore du travail
Le sport de haut niveau nécessite beaucoup de sacrifices et un travail énorme.
Didier Deschamps est un exemple du genre. Il travaille dur et fait travailler dur ses équipes. Le projet, l’ambiance, la confiance sont des éléments qui permettent à chacun de repousser ses propres limites et de donner le maximum de ses capacités. Un manager c’est aussi quelqu’un qui a la capacité à trancher dans l’équipe. Une nécessité qui est aussi un rappel que seuls les meilleurs auront la possibilité d’exprimer leur talent sur le terrain.
Mais travailler dur, c’est aussi savoir lâcher prise après. Il ne faut pas oublier que le repos fait partie des programmes d’entraînement.
7. Être valeur d’exemple
Dernier point crucial, Didier Deschamps est valeur d’exemple. D’abord, sur ses propres valeurs personnelles, il a su tenir bon face aux commentateurs. Il est resté droit dans ses bottes et a su maîtriser parfaitement son ego.
Ensuite son palmarès personnel est désormais un atout formidable. Il est un rappel de ce qu’il a su faire, qu’il a de l’expérience, qu’il connaît les efforts à faire pour arriver en haut.
Nous sommes tous naturellement enclins à suivre les conseils d’une personne que nous admirons.
Didier Deschamps sait transmettre sa soif de gagner et il a gardé la flamme allumée malgré son palmarès exceptionnel. Il aime tellement le challenge, qu’il n’hésite pas à se remettre en danger en se fixant de nouveaux défis, et c’est ça qui le fait avancer.
J’admire personnellement les méthodes de management efficaces qui place l’humain au cœur de la démarche. Gagner est une chose, mais gagner en équipe est fantastique, et quand ça fait gagner le pays, c’est toute la magie du sport. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans les filiales de MV Group.
Personnellement, je garderai en tête les axes de management et remercie le sélectionneur et cette belle équipe qui m’a apporté autant de plaisir.
Et vous, comment l’avez-vous vécu cette victoire ?