[Regards Croisés] Les appels d’offres publics
Regards Croisés, c’est notre rubrique d’échanges ! Chaque mois, Olivier Méril, Président de MV Group, échange avec une personne sur un thème spécifique. D’abord, Olivier pose ses questions, puis c’est au tour de l’autre personne. Aujourd’hui, c’est au tour de Pierre Villeneuve, Directeur de la plateforme des achats Préfecture de Bretagne, de se prêter au jeu !
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Olivier à Pierre : les entreprises doivent dialoguer avec les acteurs publics et inversement
#1 – Pouvez vous vous présenter (votre parcours et votre mission) ?
Actuellement, Directeur de la PFRA (Plateforme Régionale des Achats de l’Etat), j’ai eu précédemment une expérience en administration centrale (Ministère de l’Économie), en fonction publique hospitalière (directeur adjoint des affaires juridiques aux hôpitaux de Paris) et en collectivité territoriale (DAJ, région Bretagne).
En qualité de directeur PFRA, je veille et conduit les marchés publics des services de l’État en région (accès des PME, critères sociaux, environnementaux…). L’un de mes objectifs est d’améliorer l’accès des PME à la commande publique de l’État en région.
#2 – Selon vous quelles sont les principales difficultés pour les TPE et PME pour répondre à des appels d’offres publics ?
Deux difficultés à laquelle les acheteurs publics doivent être particulièrement vigilants :
- L’accessibilité des cahiers des charges (le besoin est-il exprimé clairement et de façon compréhensible?)
- L’allotissement (adapter autant que possible les lots aux besoins des services et au territoire concerné). Cela nécessite une bonne connaissance des entreprises du territoire
#3 – Quelles actions avez-vous mis en place avec vos équipes pour les aider à répondre ?
Plusieurs actions ont été mises en place :
- Rencontres régulières avec les entreprises du territoire, sourcing systématique.
- Réduction des délais de paiement (en 2018, délai de 15,9 jours de délai pour les marchés PFRA en Bretagne, 51 % des marchés publics attribués à des TPE de moins de 15 salariés, 75 % des marchés avec des clauses…).
- Recours à la médiation dans les marchés régionaux, revues de contrats semestrielles avec les titulaires pour mesurer les conditions d’exécution des marchés publics, etc.
- Ateliers pour co-construire (entre acheteurs et entreprises) la commande publique de demain.
#4 – En dehors du prix et de la qualité, à quoi faites-vous attention pour sélectionner un prestataire ?
Le prix n’est qu’un élément dans les marchés publics de l’État en région. Nous soulevons et écartons systématiquement les offres anormalement basses et qui ne permettent pas une bonne exécution des marchés publics. Nous recherchons la bonne adéquation entre l’offre des soumissionnaires et la définition la plus explicite et accessible possible des besoins des services de l’État en région. Nous sommes attentifs aux conditions et délais d’intervention, aux conditions d’exécution ainsi qu’au respect des clauses sociales et environnementales par les entreprises.
Nous expérimentons une démarche d’empreinte économique des marchés publics de l’État en région afin de déterminer « l’empreinte des marchés publics de l’Etat » sur le territoire (quel pourcentage du CA, combien d’apprentis, quels effets sur l’entreprise titulaire et sur le territoire, sous-traitant, etc.).
#5 – Que pouvez vous conseiller aux entreprises pour bien répondre aux appels d’offres ?
Les entreprises doivent dialoguer et rencontrer les acheteurs publics et inversement. S’agissant de l’État en Bretagne, nous rencontrons toutes les entreprises qui nous sollicitent et, dans la mesure du possible, dans un délai de 15 jours afin de leur présenter la PFRA et les marchés publics de l’État en région. Au-delà des rencontres de l’achat public en Bretagne que nous organisons, nous participons aussi à des manifestations organisées par des entreprises
Dit autrement et en une phrase, osez la commande publique de l’État en Bretagne : contact, pfra[a]bretagne.gouv.fr et inscription (gratuite) sur marchéspublics.gouv.fr !
#6 – Quels conseils pouvez vous donner aux autres acheteurs qui organisent des appels d’offres ?
Je n’ai pas de conseil à donner, mais les acheteurs publics ont tout intérêt à partager leurs bonnes pratiques et à coordonner leurs achats pour développer le territoire. A ce titre, je suis membre de l’association régionale SBA, Stratégie du Bon Achat.
Pierre à Olivier : avoir plus d’informations pour mieux répondre aux appels d’offres
#1 – Présentation d’Olivier Méril
Je suis autodidacte, j’ai commencé à 19 ans dans le groupe Ouest-France , à la régie Publicitaire Precom. J’ai évolué au fil du temps en passant de commercial à Rennes, Chef de publicité à Quimper, Chef d’agence a St Nazaire, Directeur d’agence à Vannes puis Fondateur et DG de Précom Multimedia. En 2010, j’ai créé MV Group en rachetant l’agence Mediaveille.
#2 – Connaissez-vous les marchés publics de l’État en région et la PFRA ?
Non, je ne connais pas la plate-forme régionale des achats de l’Etat.
#3 – Comment percevez-vous la commande publique de l’État ?
Pour être transparent, avant de vous rencontrer, je ne la percevais pas très bien. Au fil des années, nous avons décidé d’arrêter de répondre aux appels d’offres publics car, dans notre domaine, on ne peut pas bâtir une réponse hyper pertinente sans échange, uniquement par un cahier des charges.
#4 – Quels sont selon vous les leviers importants pour l’accès des PME à la commande publique ?
Les principaux freins pour les PME résident à mon sens en deux points :
- La méconnaissance des informations pour accéder aux appels d’offres
- La lourdeur administrative pour les petites entreprises. Elles ne sont pas très structurées administrativement.
#5 – La commande publique peut-elle contribuer au développement du territoire et si oui, comment ?
Oui, pour moi la commande publique est un élément clé pour la redistribution d’un territoire. Chaque nouvelle commande pour une entreprise locale, c’est autant de création d’emplois et de capacité à se développer.
Plus les entreprises se développent, plus l’économie locale est performante, ça sert tout le monde. Au final, une commande publique sert aussi à alimenter l’économie locale. Il faut par contre que les appels d’offres soient payés dans les bon délais, sinon, au lieu d’aider, la commande publique pourrait pénaliser son fournisseur et du coup son territoire.
#6 – Quels conseils donneriez-vous aux acheteurs publics ?
Vous rencontrer ou vos équipes, car notre rencontre a vraiment changé le regard que je pouvais avoir sur la commande publique. Si tous les acheteurs publics pouvaient avoir votre méthode et votre démarche, je suis convaincu que beaucoup plus de PME répondraient aux appels d’offres.